J’ai annoncé vendredi ma démission de la présidence du groupe des élus d’opposition de la droite et du centre au Conseil municipal de Lyon. J’ai pris cette décision au terme d’une semaine politico-médiatique locale un peu folle qui en dit long sur notre époque et ne fait qu’amplifier le désespoir de nos électeurs. Par correction à leur égard et par souci de transparence, je crois utile de m’expliquer.
Dans une interview parue dimanche dernier dans le JDD, je suis interrogé sur le phénomène Zemmour et l’attractivité qu’il semble exercer sur une grande partie des électeurs Les Républicains. Ce mouvement de fond, je l’ai ressenti et constaté depuis de nombreux mois auprès des Français. Ainsi, le journaliste m’interroge notamment sur les propos d’Eric Zemmour concernant le régime de Vichy qui aurait, selon lui, « protégé les juifs français au détriment des étrangers ». Ma réponse a été très claire : « Les décrets de Pétain sont antisémites et ne distinguaient pas les juifs français des étrangers ». Pour moi Pétain n’a jamais protégé les juifs. Par ailleurs, Eric Zemmour avait affirmé que la zone libre avait permis de protéger des juifs qui ont pu fuir à l’étranger. Sur ce sujet, j’ai répondu que seuls les historiens pouvaient apporter une réponse.
Une poignée d’élus adeptes de la stratégie de la terre brûlée
En panne d’idées et de visibilité, la gauche à l’affut se précipite sur ce malentendu. A partir d’un morceau de phrase extrait de l’article, elle entonne l’air bien connu de l’indignation. Le mot « révisionnisme » - avec ses relents ignobles d’antisémitisme - est jeté en pâture dans la presse en même temps que mon honneur. Classique. La séquence se serait arrêtée là si une poignée d’élus de ma famille politique, téléguidés par quelques éminents stratèges de l’ombre, n’avaient pas profité de l’occasion pour activer la fameuse stratégie de la terre brûlée, dont on connait les effets mortifères, ce que nos électeurs nous reprochent depuis trop longtemps.
La manœuvre de l’« unanimité » fantôme
Les jours suivants l’article du JDD, ont révélé une mécanique bien huilée : déclarations dans la presse radicalement inverses aux échanges que nous avions eu entre élus du groupe, diffusion en coulisse d’informations erronées aux journalistes, pression sur les élus, propagation de rumeurs absurdes…jusqu’à un communiqué demandant vendredi ma démission en évoquant une défiance « unanime » des membres du groupe…alors que seuls la moitié étaient présents lors de notre réunion. Plus personne ne veut de ces manœuvres de petite politique.
Nos adversaires se frottent les mains pendant que nos électeurs sont consternés
Soyons clairs : si j’ai démissionné de la présidence du groupe, ce n’est en aucun cas parce que je craignais d’être mis en minorité à l’occasion d’un vote. C’est au contraire parce que je sais par expérience qu’il est vain, même en sachant compter sur des soutiens fidèles, de dépenser de l’énergie à présider un groupe contaminé par le poison mortel de la division. C’est pour moi une question élémentaire d’honneur et de hauteur de vue.
Au final, chacun a bien compris que cette histoire d’article du JDD n’était qu’un faux prétexte. L’épisode laissera assurément des traces dans la longue tragédie de la droite lyonnaise. Nos adversaires politiques se frottent les mains pendant qu’une large part de nos militants et sympathisants sont consternés par ces manœuvres dont les vrais responsables devront un jour s’expliquer. Le succès se construit patiemment sur le rassemblement et la loyauté des engagements, jamais sur des coups portés au sein de sa famille politique. Quel sens y-a-t-il à devenir le roi d’un cimetière en jouant éternellement le coup d’après ?
Soutien plein et entier à Michel Barnier
Ce qui est valable pour Lyon l’est également pour notre pays à l’approche de l’élection présidentielle. Sur fond d’indignation bon marché, les quelques élus lyonnais frondeurs me reprochent de faire selon eux, le jeu d’Eric Zemmour. Le même à qui Laurent Wauquiez assurait qu’il « était ici chez lui » en l’accueillant en 2019 au siège national des Républicains.
Pour ma part, il n’a jamais été question que je rejoigne Eric Zemmour. Fidèle à ma famille politique, mon engagement derrière Michel Barnier dans le cadre des primaires de la droite est plein et entier. Mais il faut être sourd et aveugle pour ne pas constater qu’une grande majorité de nos électeurs et de nos élus sont interpellés par les questions soulevées, souvent avec outrance, par Eric Zemmour après avoir été mises sous le tapis depuis si longtemps.
Mon engagement pour Lyon est intact
Enfin, et c’est sans doute le plus important, je veux redire avec solennité que j’ai toujours exécré l’antisémitisme au plus haut point et que rien dans mon parcours politique ni dans ma vie personnelle ne vient étayer cet infame sous-entendu. Me voir aujourd’hui entrainé sur ce terrain-là, sur la seule foi d’un bout de phrase maladroit, par une poignée de membres de ma famille politique, confirme hélas à mes yeux que la droite n’est pas sortie de l’ornière et n’est pas prête d’en faire sortir la France.
Naturellement, cet épisode peu glorieux n’entame en rien mon engagement municipal pour Lyon, aux côtés des élus qui soutiennent ma démarche de rassemblement et préfèrent consacrer leur temps sur le fond des dossiers, au service des Lyonnais et de leur quotidien.
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